Portrait courage : Sophie face au cancer du sein
Rencontre avec Sophie : un témoignage de force et d'espoir
Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Sophie sur le blog !
C'est avec beaucoup d'émotion et de gratitude que je partage avec vous son témoignage.
Elle a accepté de nous raconter son parcours face au cancer du sein.
À travers ses mots sincères et authentiques, elle nous offre un regard intime sur cette épreuve qui a bouleversé sa vie à 41 ans.
Son histoire, marquée par la force, le courage et la résilience, nous rappelle l'importance de la sensibilisation et du soutien mutuel.
Je la remercie chaleureusement pour sa générosité et sa confiance.
1/ Est-ce que vous pouvez nous raconter en quelques mots
votre histoire avec le cancer du sein ?
J'ai été diagnostiquée d'un cancer du sein triple négatif à 41 ans, suite à une consultation chez mon généraliste pour un ganglion un peu gonflé sous l'aisselle gauche.
Je pensais alors consulter pour une infection, une réaction à une griffure de mon chat, mais j'étais loin de penser que ce ganglion gonflé était une métastase d'un cancer.
2/ Qu'est-ce qui a été le plus difficile à traverser pour vous
lors de ces épreuves (diagnostic, traitements, mastectomie) ?
Tout est allé très vite suite à ce rendez-vous chez le généraliste.
Il faut encaisser les examens qui s'enchaînent :
- échographie,
- mammographie,
- biopsie,
- scanner,
- rendez-vous chez l'oncologue,
- rendez-vous avec le chirurgien,
- pose de la chambre implantable…
Pas le temps de digérer le diagnostic que vous êtes déjà en traitement.
Tout est allé très vite et tant mieux.
Le cancer du sein triple négatif est très agressif. 6 mois de chimiothérapie associée à de l'immunothérapie ont été la première étape pour éviter que le cancer métastase et se déplace ailleurs dans le corps.
Ça a été la pire épreuve pour moi, je me suis vue affaiblie comme jamais et j'ai cru vivre mes 90 ans durant ces six premiers mois, à tel point qu'en cas de récidive, je me suis dit que je ne me soignerais pas pour ne pas revivre ça.
La mastectomie, les 25 séances de radiothérapie qui ont suivi, les six mois d'immunothérapie supplémentaires, la rééducation, la deuxième mastectomie m'ont paru plus simples à traverser.
3/ Vous parlez souvent avec humour et autodérision et c'est visiblement une forme de « thérapie », (je vois dans les reels que vous tournez à la « rigolade » des moments pénibles.)
Qu'est-ce que ça vous apporte au quotidien ?
4/ Est-ce que vous avez un souvenir ou une anecdote où
votre humour a vraiment aidé à dédramatiser ?
Une grand-mère qui était en chimiothérapie dans la même pièce que moi a été maladroite lorsqu'elle m'a dit « moi aussi j'ai eu comme vous un cancer du sein il y a 25 ans et maintenant c'est au tour du foie ».
Je ne sais pas ce qu'elle a essayé de faire en me disant ça mais ça a amplifié ma peur de la récidive.
J'ai « exorcisé » cette phrase par une vidéo sur un sketch de Jérôme Commandeur.
5/ Vous dites que le sport est important pour vous,
en quoi peut-il aider ? moralement ? physiquement ?
J'ai longtemps refusé de participer à des activités physiques adaptées proposées par l'hôpital parce que je n'avais pas envie d'être entourée de cancéreux en dehors de mes heures de traitements.
Le déclic est arrivé presque 6 mois après la fin de mes injections par mon besoin de perdre les kilos pris durant les traitements.
Un ami m'a parlé d'une salle qui pratiquait le sport adapté avec deux coachs à disposition, dans laquelle il n'y a que des personnes qui n'ont pas fait de sport depuis longtemps, des malades, des personnes en situation de handicap ou qui font de la rééducation suite à une opération… et a conclu en disant qu'il n'y a que des cassos du sport là-bas et aucun bodybuilder.
Je suis allée faire un essai et mon mari m'a offert pour Noël un abonnement de six mois pour 3h de sport par semaine.
À cela se sont ajoutées 2h d'activité physique adaptée proposées par La Ligue que j'ai enfin accepté de rejoindre pour un total de 5h de sport par semaine.
Il a fallu me faire violence au début des séances,
- les muscles faibles,
- le cœur qui s'emballe,
- la fatigue au moindre mouvement,
- des articulations douloureuses,
- un bras gauche diminué par la mastectomie,
Pour qu'au final, je ressente
- un bien-être dans tout le corps,
- un sommeil plus profond,
- une énergie retrouvée,
- un souffle plus régulier,
- un appétit régulier,
- un poids qui commence enfin à diminuer,
- sans oublier un moral retrouvé.
J'ai accepté à ce moment-là que le sport devait faire partie de ma vie pour repousser une éventuelle récidive et ainsi retrouver foi en l'avenir.
6/ Si vous aviez un message à transmettre à une femme
qui vient juste d'apprendre son cancer du sein, quel serait-il ?
Franchement, je n'ai aucune idée du conseil que je pourrais donner à quelqu'un qui apprend qu'il est malade.
Tous les cancers sont différents, tous les traitements sont différents, toutes les personnes sont différentes, toutes les situations familiales sont différentes.
Les conseils doivent s'adapter en fonction de la personne que vous avez en face de vous.
N'hésitez jamais à poser toutes vos questions, il n'y a pas de questions « bêtes ».
Comme tout le monde à la sortie d'un rendez-vous médical, vous allez penser « j'ai oublié de parler de ça, de lui demander ça ! ».
Notez tout sur un papier ou sur votre téléphone et parlez-en au prochain rendez-vous.
Ne restez jamais dans le doute et/ou sans réponse.
7/ Qu'est-ce que vous aimeriez que les gens comprennent mieux
sur la vie pendant et après un cancer du sein ?
(Aussi bien valable pour l'entourage que pour le corps médical)
Une personne qui n'a pas traversé cette maladie ne peut malheureusement pas comprendre ce que l'on est en train de vivre.
Elle peut accompagner au mieux le malade, mais l'épreuve est tellement violente qu'il est impossible de se mettre à la place du malade.
L'entourage donne parfois des conseils ou prononce des mots qui en fin de compte les rassurent eux-mêmes et n'ont aucun sens pour nous qui avons juste peur de mourir.
Lorsque j'ai appris mon diagnostic, les médecins m'ont tout de suite mise dans le bain d'une façon très violente.
"Votre cancer est rare, il est très agressif, vous êtes jeune on va y aller à dose de cheval vous allez supporter, préparez-vous à ce que vos 2 seins soient retirés, le taux de récidive est très important, vous serez ensuite suivie tous les deux mois pendant cinq ans… et derrière ça on entend, « on croit en toi, tu es une guerrière, je n'ai pas peur pour toi tu vas la combattre cette merde… »
Ça met indirectement une pression de dingue !
J'ai eu l'impression de ne pas être à la hauteur.
Tout le monde me voyait battante alors que j'étais épuisée par les traitements, affaiblie par les effets secondaires…
Sans oublier la période post-cancer dont on parle peu mais qui est tout autant douloureuse.
La pression qu'on vous met pour reprendre le travail alors que vous ne vous sentez pas prête car certains symptômes perdurent des mois voire des années après la fin des traitements.
Un psychologique torturé par cette épreuve traumatisante,
- par ce corps mutilé et douloureux,
- par cette prise de poids,
- par ce cerveau qui fonctionne au ralenti,
- par la culpabilité d'avoir fait subir cela à vos enfants, votre famille et vos amis,
- par la peur de la récidive…
"Ne jugez pas ! on peut avoir besoin de temps pour se remettre de ce combat ! "
8/ Et pour finir sur une touche positive :
quelle est votre plus belle victoire depuis ce parcours oncologique ?
Ma plus belle victoire n'est pas d'avoir vaincu ce cancer car je n'y suis pour rien.
Le protocole qui m'a été attribué est responsable de cette réussite.
"Ma victoire aura été de faire accepter au corps médical mon souhait de reconstruction "à plat""
Après ma mastectomie du sein gauche, je n'ai pas souhaité être reconstruite car c'est un entretien de toute une vie, je n'ai pas souhaité non plus garder qu'un seul sein.
Pour des raisons esthétiques et de symétrie, j'ai demandé à ce que mon deuxième sein soit retiré alors qu'il n'était pas malade.
Il a fallu que je me justifie et que j'argumente mon souhait pour que ce soit accepté par le chirurgien.
Mais je sais que beaucoup de femmes gardent qu'un seul sein ou se font reconstruire par dépit, juste parce qu'on leur refuse la reconstruction à plat.
On devrait pouvoir choisir ce que l'on fait de son corps.
C'est assez traumatisant comme ça pour qu'en plus on ne puisse pas décider du résultat final.
Ma reconstruction à moi sera de couvrir mes cicatrices avec un très beau tatouage, quelque chose de très féminin, peut-être justement pour pallier le fait de ne plus avoir de galbe au niveau de la poitrine.
Mes rendez-vous tatouage sont déjà programmés pour mars et octobre 2026.
Soutenons Sophie dans son projet de reconstruction !
Comme Sophie l'a évoqué dans son témoignage, sa reconstruction passera par un magnifique tatouage pour couvrir ses cicatrices de double mastectomie.
Ce projet artistique et thérapeutique représente bien plus qu'un simple tatouage : c'est un symbole de renaissance et de féminité retrouvée.
Sophie a lancé une cagnotte sur TRIBEE pour financer ce tatouage de couverture.
- Le budget total s'élève à 2 500€, et grâce à la générosité de ses soutiens, le jour où je rédige ce mail, elle a déjà récolté 1 328€.
Il reste donc encore 1 172€ à réunir pour que Sophie puisse concrétiser ce projet si important pour elle.
Si le témoignage de Sophie vous a touchée et que vous souhaitez l'accompagner dans cette étape de sa reconstruction, chaque participation, même modeste, compte énormément.
Pour finir ...
Merci à toi Sophie pour ce témoignage bouleversant de sincérité et de courage.
Ton parcours nous rappelle que derrière chaque diagnostic se cache une femme forte, entourée d'amour, qui se bat avec détermination.
Sophie, nous te souhaitons le plus beau des tatouages et une belle continuation dans ton chemin de guérison. ?
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